Pourquoi Charlie CHAPLIN, dans «les Temps Modernes», alors qu’il resserre inlassablement les deux mêmes boulons sur les pièces détachées, d’un produit non-identifié, qui défilent devant lui sans interruption, ne développe, à aucun moment, de TMS (Troubles Musculo-squelettiques) ?
LES TMS : MALADIES ACTUELLES OU VENUES DU PASSÉ ?
Les TMS, Première cause des Maladies Professionnelles, seraient-elles des maladies émergentes du monde du travail de la fin du XXème siècle et du début du XXIème, ou existaient-elles déjà en 1936 - date de la sortie du film ?
Ce que dénonçait CHARLOT était une critique des modes d’organisation du travail de l’époque (Taylorisme). Il est vrai, qu’en ce temps là, le développement exponentiel des machines-outils a peut-être fait penser, en toute bonne foi, que l’on pourrait presque totalement remplacer le salarié par des machines, quitte à ce que ce dernier ne soit plus lui-même qu’un outil et ce, finalement, pour son plus grand bien.
Si CHARLOT se livre à une satire, il ne développe pas pour autant, dans le film, de TMS. À aucun moment on ne le voit souffrir «physiquement» de tout ce qui caractérise les TMS.
Le travail des salariés de l’époque n’était pas une partie de plaisir. Il y avait, comme le montre le film, d’autres problèmes qui étaient loin d’être négligeables. Le travail était basé sur une production de masse, mais qui, et ce n'est pas le moindre des paradoxes, faisait que le salarié avait la possibilité de «s’évader» par la pensée.
Réaliser un travail tout en pensant à autre chose était une sorte de valve de surpression, qui évitait ce que certains, pour employer des termes médicaux, qualifient maintenant «d’épidémies des TMS et de fléau des RPS».
Cette évasion mentale n’est plus réellement possible aujourd’hui, pour beaucoup de salariés, car leurs marges d’autonomie dans le travail ont paradoxalement diminué, et leur charge mentale, en regard, a augmenté.
Les TMS sont donc bien LES Maladies Professionnelles émergentes de NOS TEMPS MODERNES !.
TROUBLES MUSCULO-SQUELETTIQUES, DE QUOI PARLE-T-ON ?
L’O.M.S (Organisation Mondiale de la Santé) définit les troubles d’ origine professionnelle comme résultant d’ un certain nombre de facteurs où l’ environnement de travail et la réalisation de ce dernier contribuent de façon significative aux causes des maladies.
Les Troubles Musculo Squelettiques font partie des Maladies Professionnelles reconnues.
Les TMS sont des maladies qui affectent les tissus mous autour des articulations. Ils touchent principalement le membre supérieur et la région dorso-lombaire.
Au niveau d’une articulation du membre supérieur (main, coude, épaule), les principales pathologies sont les tendinites (inflammation des tendons); les téno-synovites (inflammation des gaines synoviales); les bursites ou hygroma (inflammation des bourses séreuses); les compressions de nerfs (syndrome canalaire).
La pathologie la plus courante est le syndrome du canal carpien avec plus de 40 % des T.M.S du membre supérieur. Les TMS de l’épaule représentent 30 % et les TMS du coude 11%.
Au niveau du dos, les principales pathologies sont les lombalgies; les hernies discales; les tassements vertébraux.
Près de 80% des Maladies Professionnelles reconnues sont le fait des T.M.S. Ce qui en fait, de loin, le principal coût qu’il soit direct - mesurable (financier) pour l’entreprise et la société en général ou indirect - non mesurable (douleurs pour le salarié; mauvaises relations de travail et mauvaise image de marque pour l’entreprise).
Les causes des T.M.S sont très diverses mais toutes les études démontrent que ces pathologies sont en lien avec l’évolution du
travail.
Le dimensionnement bio-mécanique du problème ne peut résoudre seul les TMS. Elles relèvent d’une relation de travail (bibliographie : Fabrice Bourgeois «TMS et Travail, Quand la santé interroge le travail)
Ce qui a changé, ce n’est pas tant la technologie que le mode de gestion de la production. Alors que du temps de CHAPLIN, le salarié était calé sur un produit, ce dernier est maintenant «sous tension» du fait des changements permanents (produits, diversité, couleur, gammes, etc.). Alors que la logique économique de l’entreprise est de rechercher la souplesse, cette tension crée des «rigidifications articulaires» chez le salarié liées à ces changements «sans cesse».
Si, dans «Les Temps Modernes» de CHAPLIN, ce qu’on a nommé «La rêverie des O.S» frise la schizophrénie (travail mono-tâche bien fait mais non sans risque pour le salarié de l’époque), nous sommes passés à une logique de gestion de production qui évite la monotonie mais sans pour autant gagner en sens du travail.
MODÉLISATIONS DE L’APPARITION DES TMS
Il existe de nombreuses modélisations de l’apparition des TMS. Les conflits de logiques entre «ce que l’on demande» au salarié d’un point de vue technique et organisationnel et «ce que cela lui demande» (ce qu’il vit) dans son activité de travail, autrement dit l’ÉCART qui existe fait que plus
cet écart est grand et plus les compromis opératoires, les comportements et les performances tant humaines qu’économiques éloigneront le Travail Prescrit du Travail Réel. C’est pour cela que les T.M.S sont en lien avec la performance mais aussi avec le Stress chronique.
LE POINT DE VUE DE L’ACTIVITÉ DE TRAVAIL ET LA PERFORMANCE
Selon François HUBAULT, Titulaire de la Chaire d’Ergonomie à la Sorbonne-Paris I :
«Il est très difficile d’être au clair sur la notion de performance». Si la performance économique de l’entreprise, et la performance humaine du salarié sont en «tension», elles ne sont pas pour autant en opposition. C’est la manière de penser la productivité qui crée les Troubles Musculo-Squelettiques.
LES FACTEURS DE RISQUE, LES DÉTERMINANTS ET LE STRESS
PRÉCISION :
Ce n’est pas le stress aigu qui développe l’apparition des TMS, mais bien le stress chronique. C’est l’exposition répétée et prolongée à un élément "stresseur" qui va pouvoir générer l’apparition des TMS.
Il est important de préciser que le stress seul ne crée pas de TMS. C’est la «sur-sollicitation bio-mécanique» qui va crée un TMS.
En cas de stress chronique, ce dernier va s’ajouter et faire que certaines personnes vont développer des TMS, alors que d’autres personnes n’en développeront peut-être pas.
LES DÉBOIRES CLASSIQUES DE LA PRÉVENTION DES TMS
Pendant des années, en commençant par l’I.N.R.S (Institut National de Recherche et de Sécurité), LA solution a été de mettre en œuvre les formations «Gestes et postures» pour les salariés. Si toutes les études montrent que les AT et MP liés aux activités physiques du travail n’ont pas diminué grâce à ces formations, a contrario, ils n’ont pas augmenté non plus!
L’erreur classique est de croire qu’il suffit de partir d’une cause, par exemple «une posture extrême» d’un salarié. Le tour est joué en rapprochant la charge!
Cela permettra un confort bio-mécanique !. Mais ÇA NE MARCHE TOUJOURS PAS. Le salarié garde ses TMS !.
Selon Fabrice Bourgeois, gardons nous d’une facilité apparente pour envisager que la cause n’est pas aussi évidente.
C’est être d’abord en règle avec le Code du travail et le 4ème des principes généraux de prévention.
Puis, s’accorder sur la démarche, les concepts, de quel travail parle-t-on ? de quel salarié est-il question ?
S’accorder pour agir ensemble car chacun a une partie de la solution !.
Vous venez de lire cet article. D’abord merci 🙏.
Ensuite, que vous soyez d'accord ou non avec son contenu, qu’il vous ait apporté un éclairage nouveau sur le sujet traité ou non, qu’il vous ait intéressé, plu, interrogé, ou agacé.
En tout cas, qu'il ne vous ait pas laissé indifférent au point d'échanger nos points de vues sur le sujet.
Alors, pour cela,
Ce sera un grand plaisir
de vous répondre
Et vous pouvez aussi vous abonnez pour recevoir en avant-première nos informations
À très bientôt et merci encore.